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la conqueste de la bretaigne

L’escu luy perce ou ly jet fut assis ;
L’aubert fut fort, de ren ne l’a maulmis ;
Grant coup luy donne, mès ne l’a pas jus mis,
Quar Dieu ne voult ly roys de paradis !
470De rien ne l’a empiré ne maulmis !
Honte ot Ripe pour le duc Tyoris
Qui près estoit, si en a esté maris,
Brandist la lance o gonfanon treslis,
L’escu presse hors, l’aubert a desconfis ;
475Parmy le corps l’espiez lui avoit mis ; (fo 9 vo)
Mort le tribuche ou melieu le lerris !
Quant Ripe ot le Sarrazin occis,
« Monjoe ! » escrie l’ensaigne saint Denis.
Après Ripé, a jousté Tïoris ;
480Et puis duc Nesmes qui est proux et hardis,
Et Baudoin, et Richier le gentils ;
Chascun des contes a ung pean occis.
Des Sarrazins n’eschappa que ung vifs,
Vers la riviere s’en fuyt tout à devis,
485Entre les rochez s’est le Norois gueris.
Tant a alé qu’en la Cité s’est mis ;
Ou palays monte qui est dou temps antis ;
Par troys foiz claime à l’amirant Aiquis ;
Puis l’en l’apelle et l’a à réson mis :
490« Amirant, sere, riche roy potéys,
« Se il vous pleist entendez à mes dis :
« Karl de France, l’orgueillours vous tient vifs !
« Dequ’à Seüne avez renne conquis,