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par le roy charlemaigne

385« Et ceste ville que g’ayme moult et pris,
« Ja en sa vie n’en sera mès sesis !
« Allez vous en, mesagiers beaux amis,
« Dictez à Charlemaine, le roy de Saint Denis,
« Qu’à nul jour verra jamès cest pays ;
390« Ainz le tendray et Orliens et Paris (fo 8)
« Et porteroy couronne à Saint Denis.
« Et si ne fust notre empereris,
« La gentil dame que g’ayme tant et pris ;
« Saichez bien que vous fussez occis :
395« Ja nul de vous n’en eschapast mès vifs ! »
Ripe l’entent, moult fut mautalentifs,
Dou palais eist, onc n’y a congé prins ;
Il trait l’espée don le brant fut fourbis,
Davant la porte a un Norreins occis,
400Baudoin ang autre, et le tiers Tyoris,
Richer le quart, atant s’en sont partis.

De la ville yssent touz noz quatre marchis ;
Les chevalx poignent de l’esperon forbis.
La noase lieve, payens ont estormis,
405Adeis les sieulvent [ly] payens maléys ;
Moult grant miracle y fist Dieu Jhesu Cris,
Lieve une nue sur les Dieu ennemis,
Noz Franczoys perdent com Dieu vint à plesirs.
Quant eulx ne voyent, forment en sont marris,
410Sour une engrade monptent les Arabis,
Voyent l’ensaigne au roy de Saint Denis