Page:Anonyme - Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cxv
sommaire

traître qui l’a blessé, il se jette à genoux et maudit la ville de Gardaine. Il demande à Dieu, dans une longue prière, où il insère, selon son habitude, une forte partie de l’Évangile, de confondre cette ville, que pas un seul de ces mécréants n’en puisse sortir, et qu’aucun homme n’y puisse habiter. V. 2589-2666.

Bientôt commence un orage épouvantable. À minuit, la ville s’écroule avec ses murs et ses forteresses. La mer sort de ses limites et envahit la contrée, engloutissant six lieues de large sur deux de long. Elle s’arrête au Terrain. Les Français tremblent de peur en voyant ce miracle. Plus de dix mille d’entre eux y périssent noyés. La tempête et l’obscurité durent quatre jours. L’empereur lui-même est saisi de frayeur. L’inondation parvient jusqu’à lui. « Vous avez trop bien prié, lui dit alors le duc Naimes ; voici que tous vos gens périssent. — Hélas, dit Charles, je n’ai pu mieux faire. » L’archevêque de Dol vient au secours de Charlemagne. Il s’en va dans la campagne, et, à l’abri d’un oratoire établi à la hâte, demande pieusement à Dieu de les épargner. Le miracle ne se fait pas attendre ; l’ouragan cesse, la mer retourne dans son domaine, le soleil brille, les prairies reverdissent. V. 2667-2712.

En ce moment Naimes, regardant du côté du nord, voit venir une brillante armée ; ils sont dix mille chevaliers richement équipés, dont les bannières flottent au vent. Le duc les prend pour des païens et se met à pleurer en apercevant tant de nouveaux ennemis. Il appelle Aion, Guinemer, Thehart de Rennes, et les envoie demander à cette troupe qui elle est. V. 2713-2734.

Ce ne sont pas des païens, c’est Garnier de Gascogne, que le « Gardien de Rome » envoie au secours de Charlemagne. Garnier, arrivé près de Charles, le salue au nom