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sommaire

Naimes part avec l’assentiment de Charles. Ayant fait deux lieues en chevauchant, on aperçoit l’admirable cité de Gardaine ; l’aspect en est terrible. Les fossés sont hérissés de longues broches sur lesquelles sont plantées plus de mille têtes de chrétiens. La ville est encore défendue par une foule de bêtes féroces, des lions, des léopards ; il y a même un géant. Un fleuve impétueux l’entoure, c’est le Bidon. « Dieu ! s’écrie Naimes, Quidalet est une bien belle ville, mais celle-ci est encore plus belle. Aidez-nous, et Charlemagne y sera couronné à la Pentecôte. » Et tous s’en vont à l’assaut. V. 2397-2431.

Un païen a vu venir les Français et a donné l’alarme. Quatre mille ennemis sortent de la ville. Chaque Français lutte contre sept païens. L’inégalité du combat arrache des plaintes aux chevaliers. « Malheur à nous ! Après avoir eu tant de mal dans ce pays pendant plus de sept ans, voici que Charles nous laisse périr aujourd’hui sans nous secourir. Que fait-il à cette heure ? Pendant que nous souffrons, il est bien à son aise dans Quidalet avec Isoré ; ils y boivent des vins aromatisés et ne s’occupent pas de leurs compagnons d’armes. — Barons, leur crie Naimes, combattez pour Dieu qui vous donnera la couronne du martyre et ne faites pas de lâchetés que l’on puisse reprocher à vos hoirs ». Ces paroles donnent une nouvelle vigueur aux chrétiens : vers le soir, leurs ennemis abandonnent le champ de bataille. En les poursuivant, les Français parviennent aux fossés. Ils enlèvent les têtes plantées sur les piques. V. 2431-2480.

Les Norois, de retour dans Gardaine, se plaignent à Doret de leur défaite et l’engagent, par sarcasme, à réclamer aux chrétiens le tribut qu’il a établi sur eux. Doret répond avec audace qu’il va le faire à l’instant ; il députe, en effet, le plus insolent de ses Norois vers le chef des chrétiens. V. 2481-2500.