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qu’on lui dit ou d’être poursuivi et condamné pour le vol de la médaille, que je viens de vous remettre.

— Et qu’en résultera-t-il ? demanda M. Parry, dont la curiosité et l’intérêt commençaient à s’éveiller puissamment.

M. Parry, il en résultera d’abord que personne ne pourra vous accuser d’être un niais, puisque ce sera vous qui aurez produit la preuve de l’ineptie de la poursuite entamée par vos rivaux contre M. Robert Halt ; il en résultera ensuite, qu’étant débarrassés les uns et les autres de cet incident ridicule, nous pourrons nous occuper des choses sérieuses et des vrais coupables.

— Bien raisonné, Joe, fit en riant M. Harrison, tu conduis le débat comme un véritable président de cour.

Joe avait été, dès le premier jour, le favori de M. Harrison, et ce dernier se réjouissait de l’habileté et de la sagesse dont le gamin faisait preuve, comme s’il se fut agi d’un succès personnel.

— Maintenant, continua Joe, passons aux choses sérieuses. Regardez mon oncle, connaissez-vous cette enveloppe ?

— Sans doute, fit Lafortune, c’est l’enveloppe de la lettre anonyme que j’ai reçue, et qui dénonçait M. Robert Halt, comme chef des contrefacteurs.

— Oui, reprit Joe, et cette enveloppe m’a mis sur une autre trace. Voulez-vous examiner à présent cette écriture ? Et Joe déposa sur la table le billet qu’il avait reçu de M. Ralph Turner, en réponse à la lettre dictée à Harrison.

Les trois détectives se passèrent successivement la lettre et l’enveloppe, et reconnurent d’une voix unanime qu’il n’y avait pas de doute sur l’identité des deux écritures.

— Continue, Joe, dit M. Harrison, sur un ton d’admiration non équivoque, ce que tu nous dis est du plus haut intérêt.

— C’est une histoire très simple, reprit Joe. Je connaissais M. Robert Halt ; et comme je le savais aussi étranger que vous et moi à l’affaire des billets contrefaits, je me suis dit que l’auteur de cette dénonciation calomnieuse, devait me mettre sur la trace des vrais coupables. J’ai cherché quels ennemis M. Robert Halt pouvait avoir ; et j’ai vu que M. Ralph Turner était son rival en amour. Une conversation que j’ai entendue à Trois-Rivières, m’a fait soupçonner qu’à la rivalité d’amour