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xci
vii. — la langue

Ē (Ǐ)

En syllabe ouverte, la diphtongaison en ei (primitive en français et conservée par les dialectes de l’Ouest) est assez fréquente, quelle qu’en soit la raison : aveir 7705, aveis 11271, aveit 6037, borgeis 9949, corteis 1503, defeis 9957, deit 6041, demaneis 9948, Espaneis 9947, feible 1536, 8266, Jeneveis 9958, meis 9960, paveis 10201, reis 7664, seit 6038, veit 8925. Mais oi l’emporte de beaucoup, comme il est naturel, encore que devant la nasale il lutte avec ei et surtout avec ai : amaine 5887, amoine 9058, araine 8731, avoine 9053, demaine 438, estroine 9063, Elaine 15237, enchaaine 6984, frain 2877, laine 5347, Madelaine 12814, Madeloine 9062, maine 5340, meins 10036, moinent 787, paine 2654, poine 101, etc.[1]. Il n’y a que quelques exemples de oe et ouie pour oi (avoer 2175, croer 4340, dissouie 12903, voloer 274, vouie 12913), mais il arrive assez souvent que la diphtongue se réduise, devant r et s, à un simple o : avor 11809, Blos 8667, covotos 8666, Danos 310, Franços 1600, Herupos 1600, Manssos 8682, savor 15713, seor 12132, veor 10893, volor 12410, vor 1430. À la rime, oi est remplacé trois fois par ou : Blous 5134, gabous 13023, Pampelonous 5135. Sous l’influence de l’ital. via, on trouve très fréquemment vie (pour voie) 80, 8368, 9337, 9840, etc. Une influence analogue explique l’absence de la diphtongaison dans creent 71, esper 11280, mens 8472, et, d’autre part, l’alternance des graphies en et an en français peut rendre raison de la substitution de an à en dans des formes non étymo-

  1. On trouve aussi i dans estrine 6967, 13559, etc., et serine 11385, formes que connaît aussi le français propre.