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vi. — le succès

ancien poème de précieuses indications dont nous ferons notre profit.

L’auteur est inconnu : l’attribution à Sostegno di Zanobi, longtemps admise, est sans autorité sérieuse. L’œuvre émane d’un poète populaire appartenant à la Toscane ; elle semble avoir été composée entre 1350 et 1380[1]. Des trois manuscrits étudiés par M. Pio Rajna, le manuscrit de la Laurenziana (XC inf., 39) est celui qui reproduit le plus fidèlement le poème tel qu’il est sorti de la plume de l’auteur[2] ; les deux autres (Riccardiana 2829 et Bibl. de Ferrare) offrent un texte remanié, surtout pour la partie du récit qui fait suite à l’Entrée d’Espagne. La Bibliothèque nationale possède deux autres manuscrits, que j’ai décrits en 1885 et d’après lesquels j’ai publié le texte du premier chant[3]. De ces deux manuscrits, l’un (ital. 567) est de la même famille que le laurentien[4], l’autre (ital. 395) de la même famille que le riccardien. C’est le ms. ital. 567 qui forme la base de la comparaison que je vais établir entre l’Entrée d’Espagne du Padouan et la première moitié de la Spagna[5].

Dans ses grandes lignes, l’affabulation est la même : Charlemagne tient un conseil où l’expédition d’Espagne est décidée ; Roland va à Rome chercher les soldats de l’Église ; pris de peur, Marsile envoie un ambassadeur à Charlemagne, après avoir eu recours à la divination par

  1. P. 52 et ss. du tirage à part.
  2. L’édition princeps de la Spagna concorde généralement avec le manuscrit laurentien.
  3. Romania, XIX, 207-221.
  4. Une fâcheuse distraction m’a fait dire (Romania, XIV, 209) « manuscrit de Ferrare » au lieu de « manuscrit laurentien ».
  5. La Spagna, écrite en octaves, comprend 40 chants ; la fin de l’œuvre du Padouan correspond à une partie du chant 21.