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introduction

qui s’est écoulé entre le moment où le Padouan s’est tu et celui où le Véronais a pris la parole à sa place. Enfin, si la date de 1325-1328, assignée par M. Pio Rajna au Liber de generatione de Giovanni de Nono, paraît bien certaine, il n’est pas impossible que l’allusion au siège de Pampelune soit due à une interpolation postérieure[1]. J’avoue que j’inclinerais à faire descendre jusque vers 1350 la continuation de l’Entrée d’Espagne plutôt qu’à la faire remonter avant 1328 ; mais, dans l’état de la question, il me paraît impossible d’avoir, à ce sujet, une opinion solidement assise.

Ce qui est tout à fait certain, c’est que l’Entrée d’Espagne du Padouan a été composée avant le milieu du xive siècle. Rien ne s’oppose à ce qu’on la fasse remonter aux premières années de ce siècle, comme le veut Léon Gautier ; mais il va de soi qu’il n’existe pas plus de raisons de s’arrêter aux premières années du xive siècle que de remonter aux dernières années du xiiie. Si notre terminus ad quem n’a pas toute la précision désirable, nous n’avons aucun terminus a quo : en effet, la compilation poétique contenue dans le ms. XIII de Venise[2], œuvre dont l’antériorité par rapport à l’Entrée d’Espagne ne fait doute aux yeux de personne, ne saurait être rigoureusement datée, et l’étude de la langue du Padouan ne peut nous fournir que d’assez vagues données chronologiques.

  1. M. Pio Rajna veut bien m’informer que l’hypothèse d’une interpolation du texte de Giovanni de Nono lui parait inacceptable, et qu’il croit que le généalogiste de Padoue et Nicolas de Vérone sont des échos indépendants d’une légende antérieurement établie sur la part prise par les Lombards au siège de Pampelune.
  2. Cf. G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, pp. 165-172 (et pp. 526-8 de la nouvelle édition, avec notes additionnelles de M. P. Meyer, parue en 1905).