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introduction

Padoue, que cet auteur donne comme compagnon au roi Didier, ne figure pas au nombre des guerriers italiens que Nicolas de Vérone a groupés autour du roi lombard :

Bertram le Jenoois e Ranbert e Riçart,
Rainer e Aimeri, Floran, Fouche e Guiçart,
Bovon, Garnier e Gui e Baud e dom Aichart,
Aoberis e Johans, ond nul ni estoit coart[1].

Quelle que soit la cause de cette discordance[2], le rapport signalé par M. Pio Rajna me paraît incontestable. Toutefois nous possédons aujourd’hui sur l’activité littéraire de Nicolas de Vérone un témoignage chronologique assuré qui rend assez peu vraisemblable qu’il ait continué l’Entrée d’Espagne avant 1328. Il est, en effet, l’auteur d’une Pharsale française en laisses monorimes, dédiée à Nicolas Ier d’Este et datée formellement de 1333[3]. Et dans la continuation de l’Entrée d’Espagne, il se trouve une allusion très explicite à un épisode de la lutte entre, César et Pompée :

Onques meis Cesaron ne fu en tiel esfrois
Ao Duras, quand Pompiu li venqui siens belfrois
E ch’il se vit cazier dou camp à grand esplois,
Com fu Zarlle quand vit sa gient à tiel despois[4].

Il semble y avoir là une raison sérieuse, sinon iné-

  1. Prise de Pampelune, 10-13.
  2. À la rigueur, Antoine de Padoue pourrait avoir été tué avant le moment où s’ouvre le fragment du poème qui nous a été conservé.
  3. Voir ci-dessus, p. xxxiv ; cf. un mémoire de M. V. Crescini, intitulé : Di una data importante nella storia dell’ epopea francoveneta, lequel a paru dans les Atti del R. Istituto Veneto série VII, t. VII, pp. 1150-74.
  4. Prise de Pampelune, 1676-9.