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iv. — l’auteur et l’œuvre

Bavière a connu un récit analogue à celui que vise l’Entrée d’Espagne ; Voir Romania, XI, 563.

Plus encore que Mainet, les Quatre Fils Aimon et spécialement l’aîné d’entre eux, Renaud de Montauban, ont conquis la faveur des Italiens[1]. Non seulement le Padouan les connaît bien, mais le souvenir de leurs tragiques aventures a été fort heureusement utilisé par lui dans une apostrophe virulente à l’adresse de Charlemagne, qu’il met dans la bouche de Girard de Roussillon après que Roland, frappé par son oncle, a quitté pour longtemps le camp de Pampelune (vv. 11218 et ss.). Dans un autre passage, moins explicite (vv. 13273-6), la mention d’une guerre entre le même Girard et l’empereur paraît viser quelque épisode se rattachant indirectement au même groupe de récits épiques. Ici comme là, les chansons de geste que nous possédons sont insuffisantes à expliquer les termes précis qu’emploie le Padouan, ce qui témoigne d’un développement de la légende plus riche que celui dont les monuments nous sont parvenus[2].

Nous possédons sur Girard de Vienne une chanson de geste, qui a pour auteur Bertrand de Bar-sur-Aube, et le résumé d’une chanson antérieure, dont la Karla-

  1. Cf. Pio Rajna, Rinaldo da Montalbano, mémoire paru en 1870 dans le t. III du Propugnatore (Bologne), et les observations complémentaires sur le même sujet faites par M. F. Castets dans le chap. VI (pp. 183-226) de ses Rech. sur les rapports des chansons de geste et de l’épopée chevaleresque italienne (Paris, 1887).
  2. On peut admettre jusqu’à un certain point que la connaissance des exploits de Renaud de Montauban en Orient peut avoir suggéré au Padouan l’idée de faire prendre le même chemin à Roland, mais il me paraît exagéré d’attribuer au roman des Quatre Fils Aimon, comme l’a fait M. F. Castets (loc. laud., p. 228), « une sorte d’influence générale sur la façon dont l’auteur de l’Entrée de Spagna a compris et traité son sujet ».