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introduction

Italie, où on en a rédigé une version en vers connue sous le nom de Karleto et que nous a seul conservé le n° XIII des manuscrits français de Venise[1] ; quant au texte primitif de la chanson de geste française, il ne nous est parvenu qu’à l’état fragmentaire[2]. L’Entrée d’Espagne contient trois allusions aux « enfances » de Charlemagne : l’une, assez développée, mentionne son duel contre Braibant et contre Gallion et son couronnement à Rome en la compagnie du fidèle Morand (vv. 11303 et ss.) ; les trois autres rappellent son exil de France et son retour (vv. 93-4), son duel contre Braibant (v. 1938) et ses amours avec Galiaine (11806). La forme Braibant est d’accord avec celle qu’emploie le Karleto (dans le fragment publié par G. Paris et ailleurs, le païen s’appelle Braimant) ; mais le nom de Galiaine, fille de Galafre, ne figure pas dans le Karleto, qui le remplace par celui de Belissant. Quant à Gallion, neveu de Braibant tué par Charlemagne, d’après notre auteur, son nom ne se retrouve dans aucun autre récit conservé. Le Karleto mentionne bien la mort de deux neveux de Braibant tués par le futur empereur, mais il ne leur donne pas de noms (éd. Chichmaref, vv. 864 et 1257) ; il raconte aussi un duel entre Karleto et Floriant ou Florial, autre neveu de Braibant, mais ce neveu est blessé et non tué (ibid., vv. 888-934). En revanche, l’auteur du roman franco-italien d’Aquilon de

  1. M. Pio Rajna a fait, en 1873, une étude approfondie du Karleto (voir Romania, II, 270). Récemment, M. Chichmaref a dédié à ce même savant une édition, encore inachevée, de ce poème : Di alcune Enfances dell’epopea francese. I. Il Karleto del cod. fr. XIII della Bibl. Marciana (Pietroburgo, 1910). À son tour, M. Reinhold vient d’éditer le Karleto dans la Z. f. Phil., XXXVII, 27-56, 143-76 et 287-312.
  2. Voir l’édition donnée par G. Paris, Romania, IV, 315 et ss.