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xlvii
iv. — l’auteur et l’œuvre

land, Eaumont, sorti de l’imagination de l’auteur d’Aspremont.

Cette chanson d’Aspremont, à laquelle nous venons de faire allusion, a joui, comme on sait, de beaucoup de vogue en Italie. On dirait qu’elle est sans cesse présente à l’esprit de l’auteur de Entrée d’Espagne. Isoré fait-il cadeau d’un cheval à Roland, aussitôt, en admirant la noble bête, le duc Naime dit à Charlemagne :

Sire, ce est rice dons :
Cil, che menai de Balant l’Esclavons
Ne fu si beus, voire croi, ne si bons[1].

Outre les mentions expresses que fait le Padouan du roi Agoland et de son fils Eaumont[2], il faut noter que sa mise en train de l’expédition d’Espagne s’inspire manifestement — bien qu’il n’y ait pas d’imitation servile — de la façon dont l’auteur d’Aspremont a décrit le départ de Charlemagne pour l’expédition de Pouille et de Calabre. D’ailleurs, Aspremont inspira tardivement une suite consacrée à la guerre de Charlemagne contre Girard de Fraite, et dans laquelle Roland tuait Claire, neveu de Girard[3]. Cette suite, fort dramatique, est aussi familière au Padouan que l’Aspremont proprement dit[4].

La légende de Mainet, qui raconte les « enfances » de Charlemagne, a aussi trouvé un accueil favorable en

  1. Entrée d’Espagne, 6654-6.
  2. Ibid., 3052, 11164, 12801, 12739, 13245.
  3. G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, pp. 186 et 324. Voir mes Nouvelles rech., p. 40, et les extraits d’Aquilon de Bavière donnés dans Romania, XI, 564 et ss. Personne ne semble avoir remarqué que Fauchet a connu un manuscrit de cette chanson perdue et en a cité un vers (Œuvres, fol. 503b) : « Au Roman de Gerar du Frate parlant de Charles le Grand :

    Son Mareschal a fait tout devant chevocher. »

  4. Entrée d’Espagne, 160, 5566, 5610, 12793, 12803.