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introduction

cette continuation nous ne possédons que deux fragments, le début (les 131 vers et demi de notre Appendice) et la fin (les 6113 vers publiés par Mussafia sous le titre, aujourd’hui consacré, de La Prise de Pampelune). Assurément, il est légitime d’appliquer à l’ensemble de l’œuvre des deux poètes le titre d’Entrée d’Espagne ; mais en vertu des habitudes prises, et pour ne pas compliquer notre tâche, nous devons ici faire abstraction de la partie du poème qui a pour auteur Nicolas de Vérone et qui ne nous est parvenue qu’à l’état fragmentaire. Pour nous, l’Entrée d’Espagne se limite aux 15805 vers que nous avons publiés, c’est-à-dire à l’œuvre propre du Padouan. Nicolas de Vérone nous a laissé plus d’un monument de son activité littéraire[1]. Il n’en est pas de même du

  1. À la date où parurent mes Nouvelles recherches (1882), on ne connaissait de Nicolas de Vérone que le poème de la Passion, signalé par M. P. Meyer (Romania, IX, 505, n. 8) et dont je publiai d’assez longs extraits : le seul manuscrit de ce poème qui se soit conservé (n° 8 de l’inventaire de Francesco Gonzaga), alors dans une bibliothèque particulière, a été acquis en 1892 par la Bibliothèque de Saint-Marc et édité intégralement par M. C. Castellani (Atti del R. Istituto Veneto, t. V, ser. VII, 1892-1893, pp. 63-94). Depuis lors, en 1888, grâce à MM. Eugène Ritter et Hermann Wahle, on a retrouvé à la bibliothèque de Genève un autre poème de Nicolas, la Pharsale, dans le manuscrit même que possédait Francesco Gonzaga (n° 11 de l’inventaire), et M. Wahle l’a publié intégralement (voir Romania, XVIII, 164). Peut-être faut-il reconnaître notre Nicolas dans le rédacteur anonyme de quelques nouvelles en prose française que M. P. Meyer a signalées jadis dans le manuscrit Bibl. Nat. fr. 686 et que M. G. Bertoni vient de publier (Il testo francese dei « Conti di antichi cavalieri », dans Giorn. storico della letter. ital., t. LIX, 1912, pp. 69 et ss.) ; comme l’a remarqué l’éditeur (loc. cit., p. 73, n. 2), parmi les italianismes qui abondent dans ces nouvelles, figure la conjonction ond, qu’affectionne Nicolas de Vérone, soit simple, soit combinée avec que. Je reviendrai plus loin sur l’œuvre de Nicolas de Vérone en examinant (chap. V) la date de l’Entrée d’Espagne.