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Sommaire.

grâce pour eux : il prie Oberon de leur parler encore une fois et de n’ordonner leur mort que s’ils refusent toujours de lui répondre. — Oberon y consent. — Au même instant, Huon, revenu de sa frayeur, dit à Jérôme : « Que ce nain est beau, et comme il sait bien parler au nom de Notre-Seigneur ! Quand ce serait Burgibus, le diable, encore devrait-on lui répondre lorsqu’il parle ainsi de Dieu. Quel mal pourrait faire d’ailleurs ce petit homme, qui ne paraît pas avoir plus de cinq ans ? — Ce petit homme, répond Jérôme, que vous prenez pour un enfant, n’en est pas moins né avant Jésus-Christ. — Qu’importe ? reprend Huon, quoi que vous en pensiez, je suis disposé à lui parler, s’il revient. » P. 100-103.

Oberon revient en effet, et salue de nouveau les quatorze compagnons. Il les implore et les menace à la fois : « Vous ne pouvez pas m’échapper, leur dit-il, pas plus qu’un bœuf ne pourrait monter au ciel. » Puis il appelle Huon par son nom. Il le connaît bien ; il sait tout ce qu’il a fait, d’où il vient, où il va, et ce qui le conduit à Babylone. — Il lui promet de l’aider à s’acquitter de son message et de le ramener sain et sauf en France, pourvu seulement qu’il consente à lui parler. — « Soyez donc le bienvenu, dit Huon. — Dieu te puisse honorer, répond Oberon ! jamais salut ne sera mieux récompensé que le tien. » — Oberon ne se sent pas de joie : « Je vous aime, dit-il à Huon, je vous aime, pour votre loyauté, plus que personne au monde. Vous ignorez qui vous avez rencontré : vous allez le savoir. Je suis l’unique fils de Jules César et de la belle fée Morgue. Il y eut grande joie à ma naissance ; mon père y manda tous ses barons et les fées y vinrent visiter ma mère. L’une d’elles, qui était mal contente, souhaita que je fusse