Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxxix
Sommaire.

nain du bois, répond Jérôme. Pour Dieu, sire, gardez-vous de lui parler. — Vous qui passez par mon bois, leur dit le petit homme, que le roi du monde vous ait en sa garde ! Au nom du Dieu tout-puissant, par l’huile sacrée et par le saint chrême et par le sel du baptême, je vous conjure de me saluer. » Les quatorze compagnons prennent la fuite, au grand déplaisir du nain, qui frappe d’un doigt sur son cor, et aussitôt éclate une horrible tempête. — Dans leur fuite, Huon et les siens sont arrêtés par une large rivière. Jérôme essaie de les rassurer : « C’est le méchant nain qui a tout fait, » leur dit-il ; mais ils ont peine à revenir de leur effroi. — Ils continuent leur route, non sans inquiétude, et quand ils pensent avoir échappé au nain, ils le retrouvent tout à coup devant eux au passage d’un petit pont. « Voici encore le Diable, s’écrie Huon. — Vassal, répond Oberon, qui l’a entendu, je n’ai jamais été ni diable ni esprit malin. Je suis un homme en chair et en os, comme un autre, et je viens encore une fois au nom de Dieu, et par le pouvoir que je tiens de lui, vous conjurer de me répondre. — Fuyons, pour Dieu, s’écrie Jérôme ! » Puis il pique son cheval, et ses compagnons le suivent au galop. P. 96-100.

Le petit homme est demeuré seul et en grand courroux. Il se prend à sonner du cor, et par là arrête court les fugitifs, qu’il contraint à chanter. « Ils croient m’échapper, dit-il ; ils refusent de me parler ; mais je le leur ferai payer cher. » À ces mots, il frappe trois fois de son arc sur son cor d’ivoire, en s’écriant : « À moi, mes hommes ! » Ses hommes apparaissent aussitôt, montés et armés, au nombre de trois cents. Oberon leur ordonne de courir après les quatorze compagnons et de les tuer. Un des chevaliers féés demande