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Sommaire.

votre plaisir, répond Huon, voici mon gage. Je saurai bien contraindre ce larron à confesser que je ne connaissais pas celui que j’ai tué, et que j’ignorais sire, qu’il fût votre fils. — Il me faut des otages, dit Charles, ou autrement tu seras honni. — Sire, répond Huon, voici mon frère Gérard : c’est le seul otage que je puisse offrir, car dans ce palais je ne vois point d’autre parent que j’osasse prier de m’en servir. — Il y a moi, dit l’abbé de Cluny ; je serai ton ôtage aussi, et si tu es vaincu, si Dieu permet pareille injustice, honni soit Charles, le roi de Saint-Denis, s’il ne me pend avant ce soir, avec mes quatre-vingts moines. — Abbé, dit l’empereur, vous avez tort de parler ainsi ; à Dieu ne plaise que je vous fasse jamais aucun mal. — Livre tes otages, dit-il à Amaury. — Sire, voici Rainfroi et Amaury, mon oncle et mon cousin. — Je les accepte, dit Charles, à la condition, que, si tu es vaincu, je les ferai tirer à quatre chevaux. Rainfroi juge la condition trop dure ; il demande que les otages soient exposés seulement à perdre leurs terres. L’empereur y consent, et veut que le combat s’engage sans retard. « Avant que mon fils soit mis en terre, dit-il, le vaincu sera pendu. » Il charge le duc Naimes d’être juge du camp. P. 42-45. — Préparatifs du combat. — Les deux adversaires vont entendre la messe. — Prière de Huon. — Offrandes. — Huon et Amaury prennent un repas dans le moutier même, sur l’autel de saint Pierre, puis on les ramène au palais, où l’empereur leur ordonne de s’armer. — Leurs serments sur les reliques. — Huon monte à cheval ; c’est l’abbé de Cluny qui lui tient l’étrier. Tous deux se baisent tendrement, et pendant que le duc Naimes conduit au camp