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Sommaire.

dent pas à joindre l’abbé de Cluny, qui s’en allait au conseil à Paris, où Charlemagne l’avait mandé. Le bon abbé cheminait en compagnie de quatre-vingts moines. À leur vue, Huon dit à Gérard : « Frère, voilà des moines de Cluny qui suivent le chemin de Paris ; il faut leur offrir de faire route avec eux, car, notre mère nous l’a souvent dit, il fait bon se tenir avec gens de bien. — Volontiers, » répond Gérard. Puis ils piquent leurs chevaux et se trouvent bientôt près de l’abbé. « Sire damoiseau, dit l’abbé, adressant la parole à Huon, de quel pays êtes-vous, et qui est votre père ? — Nous sommes de Bordeaux, répond Huon, et fils du vaillant duc Séguin. Notre père est mort il y a sept ans, et nous allons en France, avec mon frère cadet que voici, pour relever notre fief, car l’empereur nous l’a mandé. Nous ne sommes pas sans crainte et redoutons quelque trahison. — Enfants, dit l’abbé, vous êtes mes amis : votre père était mon cousin germain. Si Dieu m’aide, vous serez en sûreté avec moi. Je suis du tiers conseil à la cour. Quiconque vous voudrait mal le payerait de sa vie et de son honneur. Je vous aiderai en tout temps de ma parole. Voici les clefs de mes coffres : les peaux de martre, les pelisses de petit gris, enfin toutes les richesses de Saint-Pierre de Cluny sont à votre disposition. » P. 17-20.

Ils chevauchent donc de compagnie jusqu’au bois où se cachaient les traîtres. Amaury le premier reconnaît les deux frères. — « Les voici qui viennent, dit-il à Charlot ; si tu ne les mets à mort, je ne te prise un parisis. C’est à toi que doit revenir leur terre ; à toi aussi de frapper les premiers coups ! — Je les vais assaillir, » répond Charlot, et aussitôt il pique son cheval et s’élance à leur rencontre. « Lais-