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Sommaire.

Très volontiers, » répond Charlot. — Les traîtres s’arment et attendent la nuit pour sortir de la ville, car, de jour, ils n’oseraient. P. 14-16.

Dans le même temps, Huon de Bordeaux fait les apprêts de son départ. Il confie la garde de sa terre au prévôt Guirré, vieux serviteur du duc Séguin. Il fait charger trente sommiers d’or et d’argent, de vases précieux, de riches étoffes ; à ces trésors il joint des chiens de chasse, des faucons, des éperviers. Il emmènera dix chevaliers de haut parage, ses plus privés conseillers, et avec eux nombre d’écuyers et de garçons — Sur le point de partir, Gérard et lui prennent congé de leur mère. — Sages conseils de la dame à ses fils. — Elle les couvre de baisers et de larmes. C’est la dernière fois qu’elle embrasse Huon, car elle ne le reverra plus. P. 16-17.

Voilà les deux orphelins qui s’acheminent vers Paris. Que Dieu les conduise ! La route est belle, et chemin faisant, Huon dit à Gérard : « Nous allons à la cour, beau frère ; nous allons visiter et servir le meilleur roi qui fut jamais au pays de France. Chante, beau frère, chante pour nous mettre en joie. — Je n’en ferai rien, répond Gérard, car cette nuit j’ai eu un songe qui m’a tout consterné. Il me semblait nous voir assaillis par trois léopards qui m’arrachaient le cœur ; vous échappiez au danger, mais moi, j’étais perdu. Au nom du ciel, retournons à Bordeaux, auprès de notre mère, qui nous éleva si doucement. — Qu’à Dieu ne plaise, répond Huon : je ne rentrerai pas dans Bordeaux, la grande cité, sans avoir vu auparavant le roi de Saint-Denis. Sois sans crainte, Gérard, doux ami, et que le Dieu qui fut mis en croix nous conduise ! » — Ils chevauchent, en effet, tant et si bien qu’ils ne tar-