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Sommaire.

pour héritiers deux mauvais garçons, deux ribauts, Gérard et Huon, qui ne daignent vous servir ni vous rendre honneur. Sire, chargez-moi de votre vengeance. J’irai à Bordeaux avec ceux de mon lignage, et je vous amènerai ces deux garçons pour que vous puissiez en faire justice. » — Charlemagne y consent ; mais le duc Naimes n’est point de cet avis. Il se méfie d’Amaury. « Les deux enfants sont jeunes, dit-il, ils oublient leur devoir ; mais le duc Séguin, leur père, aimait beaucoup l’empereur et l’a bien servi. — Il en avait sujet, reprend Charlemagne ; son service lui valait une belle rente. Trois jours par an, à Pâques, à la Pentecôte et à Noël, il emportait les reliefs de ma table, et ces reliefs étaient de grandes coupes d’or, de belles nappes, des couteaux d’acier, des hanaps d’or et d’argent. Il pouvait bien se vanter qu’à me servir pendant ces trois jours le métier lui valait trois mille livres. Mais il faut dire aussi ce qu’il me rendait de son fief. Quant je le mandais par bref scellé pour aller en guerre, il me venait en aide avec dix mille chevaliers, qui ne me coûtaient pas un denier, si ce n’est l’avoine pour les destriers. — Sire, dit Naimes, si je vous suis cher, rendez-vous à ma prière : faites mander les deux héritiers du duc, et s’ils viennent, accueillez-les avec bonté. » — L’empereur se rend à l’avis de Naimes ; il dépêche à Bordeaux deux messagers, Enguerrand et Gautier, et fait dire à la duchesse de lui envoyer ses fils. P. 8-10. — Désappointement d’Amaury., — Départ des messagers. — Leur arrivée à Bordeaux. — Leur entrevue avec la duchesse et ses deux fils. — Huon et Gérard promettent de venir à Paris rendre hommage à Charlemagne. — Sages conseils de la duchesse à ses enfants. — Retour des messagers. — Ils