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mon fils vivant ; mais, par celui qui nous jugera tous, il eût été meilleur peut-être qu’Ogier lui coupât la tête, car il ne vaut pas un denier. » P. 4-6.

Comme il parle ainsi, survient Charlot, un épervier au poing. Il était jeune et beau, et n’avait pas encore vingt-cinq ans. « Barons, dit Charles, voici un beau chevalier, mais qui me cause grande douleur en refusant de m’aider à gouverner ma terre. Et cependant, je vous en prie au nom du ciel, ne laissez pas de le faire roi, car il est l’héritier de France. — Sire, dit Naimes, demandez-lui donc s’il veut recevoir son héritage. — Fils, reprend Charlemagne, avance ici, et viens prendre possession de ta terre. C’est un franc fief que tu vas tenir, comme Notre Seigneur, le grand justicier, tient le paradis de gloire. Il n’est homme au monde que tu ne puisses réduire à néant, s’il osait t’en ravir la valeur d’un parisis. Il n’est marche, pays ou royaume qui croie en Dieu, où tu ne sois assuré d’être craint et redouté. Fils, suis mes conseils : éloigne les traîtres de toi et n’aie accointance qu’avec les gens de bien. Rends honneur au clergé, aime la sainte Église et donne du tien aux pauvres. — Sire, répond Charlot, à votre plaisir. » P. 6-8. — Comme il dit ces mots, un traître maudit se lève : c’est Amaury de la Tour de Rivier. Il va ourdir une trame qui jettera la France en un grand trouble. « Sire, dit-il, vous avez tort et grand tort de remettre à votre fils une terre où vous n’êtes ni aimé ni prisé. Je sais tel pays, et qui n’est pas bien éloigné, où quiconque se réclamerait de vous comme de son seigneur pourrait être sûr d’avoir les membres coupés. — Quel est donc ce pays ? demande Charlemagne. — C’est Bordeaux, répond Amaury. Il y a bien sept ans que le duc est mort, laissant