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Huon de Bordeaux

« C’est Karlemaines, ki France a à baillier,
« Et si baron qui vous viennent jugier ;
« Pendus serés ains qu’il soit anuitié.
— Par foi, dist Hues, Diex te doinst encombrier !
« Males noveles me viens ore noncier. »


9640Ens el palais sist Karles au disner ;
De jouste lui sist Nales li barbés.
Qui que mangast, dus Nales a ploré ;
Il sailli sus, du mengier est levé,
Si roidement a la table hurté
Que il a fait tos les hanas verser.
« Nales, dist Karles, por Dieu, et vous c’avés ?
« Vous avés tort, qui mon vin respandés.
— Ains ai bien droit, dist Nales, en non Dé,
« Car j’ai tel duel près n’ai le sens dervé
9650« De çou que voi qu’estes si rasotés.
« Par le cors Dieu, c’avés vous en pensé ?
« Venistes vous à Bourdiaus la cité
« Pour boire vin ne pour boire claré ?
« N’avés vous mie tot çou en France asés ?
« Hé ! emperere, et car vous porpensés
« Que çou n’est mie d’un gant à enformer
« Que nous devés orendroit conjurer,
« Ains est, par Dieu, d’un de vos .xii. pers,
« Que nous devons jugier, si m’aït Dés.
9660« Quant nous arons mengié à grant plenté,
« Et tant béu que serons enyvré,
« Comment sarons de mort d’omme parler ?
« Par che Segnor qui en crois fu penés,
« Il n’a haus homme çaiens en cest ostel
« Que, s’il i boit huimais vin ne claré,
« D’or en avant ne perge m’amisté. »
Et dist li rois : « Je ferai tot vo gré