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Huon de Bordeaux

« Qui tant vous fait envoier et donner,
« Que jou ai fait, et vous et vo barné,
« Qu’il a mestier à vostre cors parler.
« J’ai tel besoigne, onqes mais n’oc itel ;
« Je le vous di dolans, à cuer iré,
« Car mix amaise que je fuse outre mer :
9440« Moi le m’estuet en vo palais conter.
« Mal est à dire et pire est à celer ;
« Envis le di, par sainte carité,
« Car je sai bien que j’en serai blasmé ;
« Mais j’aime mix m’onor à regarder
« Que de tous ciaus qui de mere sont né.
— Vous avés droit, dist Karles, en non Dé. »


Dist Gerars : « Sire, entendés ma raison :
« Vous m’adoubastes, que de fi le set on,
« Et me cauçastes mon doré esperon.
9450« Que vous diroie ? je sui vos liges hon,
« Et si ne cache envers vous se bien non ;
« Jou sai moult bien, si ait m’ame pardon,
« Je vous dirai une tele raison
« Dont dolant erent li per de vo maison,
« Et jou méismes en ai au cuer friçon.
— Gerars, dist Nales, trop faites, lonc sermon,
« Dites errant, acorciés vo raison ;
« A çou que j’oi ne pensés se mal non.
— Ore entendés, dist Gerars, ma raison :
9460« L’autrier estoie à Bordiaus me maison ;
« Jou n’ere mie à guise de bricon :
« Encore avoie .c. chevaliers baron,
« Ma porte estoit toute overte à bandon.
« Jou regardai aval devers men pont,
« Si vi venir le mien frere Huon,
« Eskierpe au col et ou puing .i. bordon,