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Préface.

Frere fust à Seguin qui vous a engenrés.
Je vous prie pour Dieu vo pere ressamblés.

Une autre allusion moins intéressante se lit dans les Chroniques admirables du roy Gargantua[1], sorte de contrefaçon de l’œuvre de Rabelais, qui fut composée vers 1533.

Mais rien n’atteste mieux la vogue soutenue de la vieille épopée, devenue un roman en prose et propagée maintenant par l’imprimerie, que sa transformation nouvelle en une pièce de théâtre. C’est un curieux épisode de l’histoire de notre poëme. Le quatorze décembre 1557 une requête fut présentée au parlement par les « confreres de la passion et resurrection de nostre sauveur et redempteur Jhesus Christ, fondée en l’eglise de la Trinité, rue Sainct Denys..... Ils requeroient qu’il leur feust permis jouer le jeu ja par eulx commancé qui est de Huon de Bordeaulx, qui leur auroit esté differé par la court jusques à la feste de Noel prochaine. »

Cette interruption dans la représentation de Huon de Bordeaux provenait d’une défense du prévôt de Paris, défense dont les confrères de la Passion avaient appelé au parlement, mais dont leur requête n’indique pas le motif. Peut-être le prévôt avait-il craint le scandale que pouvait causer l’amour trop ingénu d’Esclarmonde pour Huon ; peut-être aussi avait-il jugé que le rôle

  1. Publiées par M. Gustave Brunet, 1852, in-8o, p. 43 : « Gargantua (lui dit Merlin), je te viendray querir et te meneray en faerie où est le bon roy Artus avec sa seur Morgain, Ogier le Dannoys et Huon de Bordeaulx ou chasteau d’Avallon où ils font tous grant chiere. »