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xxiv
Préface.

défiait du génie : « C’est peut-être un diable, » se disait-il. Il se détermina enfin à accepter, et partit, non sans emporter toutefois, par précaution, un flacon d’eau bénite. Arrivé au sommet d’une montagne aride, où habitait le roi des fées, il vit s’élever tout à coup devant lui un palais magnifique, et autour de ce palais apparurent une foule de petits êtres, garçons et filles, d’une beauté incomparable, dansant aux sons d’une harpe qu’un vieux barde tenait à la main. Introduit près du roi, il le trouva assis sur un siége d’or, et Gwyn le pria de prendre place à une table dressée dans la salle : « Tu n’as qu’à le vouloir, lui dit-il, pour que les plats d’or et les coupes de diamant que tu vois vides devant toi, se remplissent à l’instant des mets les plus exquis et des liqueurs les plus douces. — Je ne vois ici que des feuilles sèches, répondit le saint, et n’ai jamais mangé ni bu dans de semblables vases. » Et prenant son flacon d’eau bénite, il le versa sur la table, qui disparut à l’instant avec les vases, avec les coupes, avec le roi et le palais, et la foule joyeuse qui dansait tout autour. »

« Dans cette vieille légende traduite du gallois et publiée en 1805, ne retrouve-t-on pas tous les éléments magiques du banquet d’Auberon, et le palais qui s’élève par enchantement, et la table dressée, et les hanaps qui se remplissent au gré des convives ? »

« De tous ces rapports, ajoute en terminant M. de la Villemarqué, ne conclurez vous pas avec moi que Gwyn-Aron et Auberon, portant même nom, doués du même pouvoir surnaturel