tion, cependant, en faveur de Huon de Bordeaux et de Garin de Monglane, qu’il déclare les deux meilleurs de cette classe, et cela d’après la version en prose.
C’est aussi d’après cette version, la seule connue depuis le XVe siècle, que M. Saint-Marc Girardin a apprécié le roman de Huon de Bordeaux, et il n’a point hésité à le préférer au poëme que Wieland en a tiré. L’éminent critique n’a pas fait, il est vrai, une comparaison complète des deux ouvrages ; mais « soit qu’il s’agisse de peindre l’amour de Huon et d’Esclarmonde, soit qu’il s’agisse de donner un caractère et un rôle aux êtres merveilleux, l’imagination naïve du vieux conteur l’emporte, selon lui, sur les grâces de Wieland[1]. »
Il y a grande apparence que Huon de Bordeaux eût encore gagné à être jugé sous sa forme poëtique et originale par des critiques aussi bien disposés ; mais, même sous cette forme, réussira-t-il à trouver grâce aux yeux de M. Charles Nisard ? On en doutera comme nous, lorsqu’on aura lu cette sentence de l’implacable historien des livres populaires :
« J’arrive, grâce à Dieu, dit-il, aux derniers romans des douze pairs, encore aujourd’hui colportés. Si le proverbe qui dit : aux derniers les bons est vrai en général, il s’en faut qu’il le soit ici en particulier ; car je ne pourrais mieux com-
- ↑ Cours de littérature dramatique, T. III, p. 235, éd. Charpentier. — Il faut lire, si on ne l’a fait déjà, le gracieux chapitre où M. Saint-Marc Girardin a justifié son opinion, sous ce titre général : De l’amour ingénu dans les romans de chevalerie.