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Préface.

copie de son poëme est-elle écrite en dialecte artésien ? Est-ce encore l’effet du hasard ? Le lecteur en décidera.

Il aura aussi à choisir, pour apprécier la valeur littéraire de cette composition, entre des opinions fort diverses et malaisées à concilier. Voici d’abord ce qu’en pensait l’éditeur de la Bibliothèque des romans, inspiré sans doute par M. de Tressan :

« Quoique la Bibliothèque bleue, dit-il[1], se soit emparée de Huon de Bordeaux, ce roman (l’un des meilleurs de ceux que nous avons classés sous le nom de romans de Charlemagne) mérite mieux que plusieurs autres ouvrages très agréables, que M. ou Mme Oudot ont habillés en papier bleu, d’être connu de nos lecteurs. Ils trouveront que dans la première partie de ce roman la plupart des personnages et des aventures ont une relation intime avec ceux de Charlemagne dont ils ont déjà lu les extraits, et même qu’ils ont trait à ceux de la Table Ronde par le roi de Féerie Oberon, qui joue un rôle dans Isaïe le triste, fils de Tristan de Léonois et de la belle Iseult[2]. »

L’auteur du Discours sur l’état des lettres au XIIIe siècle, qu’on lit au tome XVI de l’Histoire littéraire de la France[3], est loin de goûter les romans de chevalerie et en particulier ceux de Charlemagne et des douze pairs. Il fait excep-

  1. Bibl. des Romans, avril 1778.
  2. Il est vrai qu’Oberon joue un rôle dans Isaïe le triste ; mais il est vrai aussi que ce roman, dont on ne connaît qu’une version en prose, est très postérieur à Huon de Bordeaux.
  3. P. 178.