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Préface.

il nous paraît établi du moins qu’il fut l’œuvre d’un compilateur vivant dans la première moitié du XIIIe siècle, et contemporain des faits qu’il enregistre, dès l’an 1223 au plus tard. C’en est assez pour permettre de croire que le poëme de Huon de Bordeaux était connu au commencement du siècle.

Nous ne pouvons nous aider d’indices aussi sûrs pour retrouver la patrie du trouvère qui a composé ce poëme. Nous pensons pouvoir affirmer, cependant, qu’il était de l’Artois, et nous irions jusqu’à désigner sa ville natale. C’était, selon nous, Saint-Omer, dont le nom revient trop souvent, et sans nécessité, dans le cours du récit, pour que nous ne voyions pas là comme l’acte de naissance de notre poëte. Dès le début de son ouvrage, après une énumération rapide et générale des chevaliers de tous pays réunis à la cour de Charlemagne, il accorde une mention toute particulière et toute complaisante, ce semble, aux jeunes bacheliers du Cambresis et de l’Artois :

Assés i ot Alemans et Pohiers,
Et Braibençons, Flamens et Berruiers,
Et Loherens, Bretons et Henuiers,
Et Borguignos, Angevins et Baiviers ;
Grant fu la cors des barons chevaliers.
Et des Englois i ot bien .III. milliers,
Et si ot bien .Xm. arbalestiers ;
Li rois Tafurs i fu con chevaliers.
De Canbresis et d’Artois, ce saciés,
En i ot moult de bacelers legiers
Qui volentiers ferroient sour paiens[1].

  1. P. 2.