en choisissant un sujet ou tout au moins un cadre carlovingien, en donnant à son poëme la forme consacrée de la chanson de geste, et en adoptant le mètre de dix syllabes, qui est celui des plus anciennes compositions de ce genre. Mais, en même temps, il nous semble avoir cédé au goût de son époque et aux idées d’une nouvelle école[1], en faisant de son héros un chercheur d’aventures[2] et en introduisant dans son poëme le merveilleux féerique. À ce signe nous croyons reconnaître un contemporain de Chrétien de Troyes, et nous estimons que si notre poëte ne voulait pas suivre jusqu’au bout le novateur, le nouveau jongleur, comme on disait alors, il ne
- ↑ En quoi il ne fut pas imité par tous ses successeurs :
l’auteur de Doon de Maience, par exemple, est un adversaire
déclaré de cette nouvelle école, qu’il maltraite ainsi
pour avoir mis en oubli l’une des trois grandes gestes de
France :
Chil nouvel jougléor, par leur outrecuidanche
Et pour leur nouviaus dis, l’ont mis en oublianche.
(Doon de Maience, éd. Pey, p. 1.) - ↑ C’est le trouvère lui-même qui nous autorise à nous
servir de ces termes. Il fait dire à Huon, lorsqu’Oberon lui
conseille de ne point aller à Dunostre affronter inutilement
les plus grands dangers :
Car por çou vin ge de France le rené,
Por aventures et enquerre et trover.
Une m’en dites que je veul esprover.
(P. 137.)
trionibus aliquid de suo. Histrionibus dare nichil aliud est quam perdere, etc., etc. (Ms. de la Bibl. Imp., Sorbonne, 1552, fol. 91 ro col. 2.) — Ce passage, reproduit en français dans le Jardin des Nobles, ouvrage du XVe siècle, a été cité par M. Paulin Paris. (Manuscrits françois, t. II, p.144.)