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Sommaire.

lières et lui coupa sa barbe blanche. Voilà le traître Gérard, auquel je vais faire avouer son forfait. » — Il l’appelle, et Gérard s’avance, tremblant comme la feuille au vent. Oberon l’adjure de confesser son crime, et Gérard en fait l’aveu ; mais il accuse Gibouart d’en avoir conçu le projet. — « Vous serez pendus tous deux, dit Oberon. Roi Charlemagne, ajoute-t-il, vous venez d’entendre comment Gibouart et Gérard en ont usé loyalement envers Huon ! Ils seront pendus, et, avec eux, l’abbé et son moine pour leur faux témoignage. — Certes, dit Charlemagne, ils l’ont bien mérité. — Sire, dit Naimes, vous pouvez juger maintenant si c’est un péché que de condamner à tort un honnête homme. » — Tous les barons se signent. — Huon implore la pitié d’Oberon en faveur de son frère ; c’est Gibouart, à ses yeux, qui est le vrai coupable. Mais Oberon ne se laisse point fléchir, et, sur un souhait du nain, sa sentence est exécutée. Ce que voyant, Charles tout effrayé s’écrie : « Cet homme est Dieu ; s’il le voulait nous serions tous mis à mort. — Non, je ne suis pas Dieu, dit Oberon, je ne suis qu’un homme en chair et en os. Mon nom est Oberon, je suis né à Monmur et j’eus pour père Jules César, à qui l’on doit les grands chemins qu’il fit faire avec tant d’art. » Puis il apprend à l’empereur le nom de sa mère et la cause pour laquelle il est resté nain. Il a toujours aimé le droit, dit-il, et la bonne foi et la loyauté. De là son amitié pour Huon. — Il réconcilie Huon avec l’empereur et lui fait rendre le duché de Bordeaux. Après quoi il lui dit : « Huon, dans trois ans d’ici vous viendrez à Monmur, où vous hériterez de mon royaume et de mon pouvoir. Dieu m’a permis de m’en dessaisir ainsi à ma volonté. Vous porterez couronne d’or en tête et laisserez votre héritage à Jé-