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Sommaire.

d’Esclarmonde et de Jérôme. Ils ont entendu le serment de Charlemagne, et tous trois se croient près de leur fin. Mais avant la nuit Charlemagne manquera à son serment, si Dieu aide Oberon qui est en ce moment à table avec ses chevaliers. Il pleure, et ses hommes lui demandent la cause de ses larmes : « C’est qu’il me souvient, dit-il, d’un malheureux, de Huon que j’ai tant aimé. Il est de retour en France et jamais ne se trouva en si grand danger, car Charlemagne vient de jurer sur sa barbe de le faire mourir ; mais, par celui qui fut mis en croix, il en a menti ! J’irai au secours du jeune bachelier. Je souhaite que ma table soit à l’instant transportée auprès de celle où Charles doit dîner, et qu’elle soit plus haute de deux grands pieds. Je souhaite que sur la table soit mon hanap, mon cor d’ivoire et mon haubert, et que cent mille hommes m’accompagnent, ou plus encore, s’il est besoin. » P. 298-302.

Les souhaits d’Oberon sont accomplis sur l’heure, à la grande surprise de Charlemagne et des barons, qui se croient enchantés. — Jérôme a reconnu le haubert, le hanap et le cor : il rend l’espérance à Huon. — Arrivée d’Oberon. — Il fait garder par ses hommes toutes les portes de la ville et se rend au palais. — En passant près de Charlemagne il le heurte si rudement de l’épaule qu’il lui fait tomber sa coiffure de la tête. « Qui est ce nain, dit Charles, qui me heurte ainsi et ne daigne m’adresser la parole ? Sainte Marie, qu’il est beau ! Voyons quel est son dessein. » — Comme il parle ainsi, Oberon s’approche de Huon, le fait lever, le délivre de ses fers par un souhait, ainsi qu’Esclarmonde et Jérôme, les fait asseoir près de lui à sa table, prend son hanap, le remplit par un signe de croix, le donne à la dame