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Sommaire.

cet homme déloyal a mérité d’être pendu et traîné, lui et Gibouart, et l’abbé à côté d’eux, et, avec l’abbé, le moine qu’il a amené. Je jurerais sur les saints que tous les quatre sont de faux témoins ! » — Consternation de Gérard. — Il commence à se repentir ; mais il ne peut plus reculer. « Sire, dit-il à Naimes, vous avez grand tort de m’accuser de la sorte. Je ne sais pourquoi vous me haïssez si fort. — Par ma foi, répond Naimes, c’est pour votre méchanceté. Il n’y a pas longtemps vous vouliez être un de nos pairs. Grand Dieu ! quel conseiller vous auriez fait. Sur ma parole, j’aimerais mieux avoir un poing coupé ! » P. 282-284.

L’empereur met fin à ce violent débat. Il somme de nouveau les otages de Huon de le lui livrer ; mais Naimes veut que l’empereur parte pour Bordeaux avec une nombreuse suite de ses barons, qu’il fasse tirer Huon de sa prison, qu’il l’interroge et prenne pitié de lui, s’il l’en trouve digne. — L’empereur se rend à cet avis. — Son départ. — Son arrivée à Bordeaux. — Gérard veut le précéder pour lui préparer une réception convenable. — « Certes, non, dit Naimes, vous n’irez pas. » — L’empereur ne le permet pas non plus. — Étonnement des bourgeois de Bordeaux, qui ne s’expliquent pas la venue de Charlemagne et de ses barons. — Un grand dîner est servi. — Du fond de sa prison, Huon entend le bruit causé par les nouveaux hôtes de son palais : il en demande la raison à son geôlier. — « C’est l’empereur et ses barons qui vous viennent juger ; vous serez pendu avant la nuit. » — À la fin du repas, le duc Naimes, qui pleure, se lève brusquement, heurte la table, et, du choc, renverse toutes les coupes. — « Pour Dieu, Naimes, qu’avez-vous donc, dit l’empereur, que vous