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Sommaire.

France, répond l’un d’eux. Nous sommes tous Français, les uns de Saint-Omer, d’autres de Paris. — Et de Bordeaux ? demande Huon. — Il y en a un, répond le marin, un vieillard nommé Guirré. » — Huon désire le voir. — « Où est le vieux de Bordeaux ? crie le marin. — Me voici », répond le prévôt Guirré. — Huon l’interroge, lui demande d’où il vient, où il va. — « Vous le saurez, répond Guirré : J’avais un seigneur nommé Huon, que Charlemagne a déshérité et qu’il a envoyé à Babylone porter un message. Le frère de Huon, Gérard, s’est emparé de l’héritage, il y a deux ans, après la mort de leur mère. Le traître s’est marié, et fait endurer mille maux aux pauvres gens et aux barons du pays. Moi-même, il m’a déshérité, parce que la garde de la terre m’avait été confiée. Alors les barons m’ont envoyé à la recherche de Huon, et voilà deux ans que je parcours les pays d’outre-mer sans avoir pu apprendre de ses nouvelles. Je m’en retourne maintenant, le cœur navré de douleur. Toutes mes ressources étant épuisées, ces marchands que vous voyez m’avaient pris sur leur navire et devaient me passer pour l’amour de Dieu ; mais ils ne sont point arrivés à bon port. » — Ce récit terminé, Huon s’écrie : « Sire Jérôme, venez embrasser votre frère ; » et lui-même il embrasse tendrement le fidèle Guirré. — Après cette reconnaissance, Huon demande passage aux marins sur leur navire, et s’embarque bientôt avec Esclarmonde et tous ses compagnons. Peu de temps après leur départ, les païens donnent l’assaut à la ville, et ne tardent pas à s’apercevoir qu’elle est abandonnée. Galafre en reprend possession, et Yvorin retourne à Monbranc. P. 251-257.

Arrivée de Huon à Brindes. — Il va loger dans la