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Sommaire.

« Dame, répond Huon, dussé-je brûler à toujours dans les flammes d’enfer, je suis prêt à faire votre volonté. — Vous avez bien parlé, lui dit-elle, et pour l’amour de vous je croirai en Dieu. » — Elle lui fait servir un abondant repas, et, dans le même temps, le chartrier va par son ordre annoncer à l’amiral que le chrétien qui était en prison y est mort de faim. — « J’en ai regret, répond Gaudisse ; mais puisqu’il est mort, n’en parlons plus, et que Mahomet ait pitié de son âme. » P.174-177.

Les treize compagnons que Huon a laissés dans la tour de l’Orgueilleux l’ont déjà attendu quatre mois sans entendre parler de lui. Un jour qu’ils étaient sortis en armes, ils voient aborder un navire au port voisin. Le navire, chargé d’or et d’argent, était monté par trente païens. « Nous sommes de la Mecque, disent-ils au vieux Jérôme, et nous venons ici acquitter le tribut que nous devons à l’Orgueilleux. — Il est mort, reprend Jérôme, et il vous faut mourir aussi. Allons, s’écrie-t-il, frappez, compagnons ! » — À ces mots, les païens sont assaillis, tués et jetés à la mer. Leur navire et leurs richesses demeurent au pouvoir des treize barons. Ils sont d’avis de s’en servir pour aller à la recherche de Huon, et s’embarquent, emmenant avec eux la belle Sebile. — Après une heureuse navigation, ils abordent non loin de la cité de Gaudisse et parviennent jusqu’à l’amiral. « C’est moi qui parlerai, dit Jérôme à ses compagnons, vous m’écouterez et vous conformerez à tout ce que je dirai. » Il salue l’amiral en sarrasinois. Gaudisse lui rend son salut et lui demande de quel pays il est. — « Je suis né à Monbranc, répond Jérôme, et suis fils d’Yvorin. — Sois le bienvenu, s’écrie Gaudisse, sois le bienvenu, fils de mon frère ! Et