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tres encore, par une évolution assez ordinaire de l’esprit humain reparut au moment le plus brillant de la littérature du moyen âge, pour se reproduire dans la plupart des productions qui suivirent, comme les Amadis, l’Astrée, et les fades productions de Mlle de Scudery et de son école, jusqu’au XVIIIe siècle où ce sentiment, toujours le même au fond, puisqu’il repose sur une des lois de la nature, se montre dans la littérature plutôt sous son côté matériel que par ses tendances idéales. On peut donc regarder comme un nouveau point de départ les œuvres du XIIe et du XIIIe siècle ; rompant avec les anciennes chansons de geste, purs récits de bataille à leur origine, mais où l’élément amoureux commençait déjà à percer, elles prirent naissance dans le goût plus épuré et plus délicat des grandes dames qui les inspiraient, comme la bonne comtesse Yolande.

Quelle était donc cette comtesse Yolande qui connaissait assez les chroniques latines pour en tirer des sujets de roman ? Selon sir Fr. Madden, le savant éditeur du poëme anglais, ce ne peut être nulle autre que Yolande, fille aînée de Baudouin IV, comte de Hainaut, et d’Alice de Namur, mariée d’abord à Yves, comte de Soissons, dont elle n’eut pas d’enfants. À sa mort, qui eut lieu en 1177, elle épousa en secondes noces Hugues de Champ d’Avesnes, comte de Saint-Paul, dont elle eut deux filles. Par le mariage de Baudoin le Courageux, son frère, avec Marguerite d’Alsace, comtesse de Flandres et d’Artois, elle devint la tante de Baudoin VI, comte de Hainaut et de Flandres qui, en 1204, fut élu empereur de Cons-