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LANGUE : § 2 — LANGUE DE L’AUTEUR

plutôt le xiiie siècle. Or, comme il n’y a guère de difficulté à admettre que l’auteur, suivant une tradition littéraire, s’est servi, en partie, d’une langue qui n’était plus tout à fait la sienne, il est fort probable, à en juger d’après la langue, que la chanson de Florence de Rome ne date que de la première moitié du xiiie siècle.

Voici encore quelques traits linguistiques de notre chanson qui nous semblent pouvoir offrir de l’intérêt pour l’étude du dialecte de l’Île-de-France dans la première moitié du xiiie siècle [1].

Il y a d’abord quelques cas concernant la phonologie.

Dans la laisse en -ere (LXIV) il y a les mots matere 1868 [2] et banere 1870 (cf. matire : -ire 3050 ; matiere : -iere 1627 ; baniere : -iere 1624). Pour un mot savant comme matiere, la forme en -ere n’a rien de surprenant ; mais la forme banere est assez suspecte, d’autant plus que le vers en question ne se trouve que dans un ms. (P) [3].

La diphtongue ui rime avec i : cui (*cŭgito) 3859 : lui 4646 ; apuie 3430.

À la rime en -ois se voient les mots dais (dĭscum) 2020 ; frois (germ. frisk) 2024 ; marais 1219.

Les laisses en -on, -onne nous montrent l’ŏ libre non-diphtongué devant une nasale : hom 1842, 2913, etc. ; son (sonum) 239 ; sonne 1481 ; bonne 3277 ; etc. [4],

Que l’n mouillée ait perdu plus ou moins son élé-

  1. On verra au chap. suivant que des raisons autres que les raisons linguistiques nous permettent de fixer la composition de notre chanson au premier quart du xiiie siècle.
  2. Le ms. (P) écrit matiere,
  3. Le v. 1870 ne saurait guère être regardé comme interpolé, puisque la version espagnole le donne (P. 416 : et de mañana salgamos todos nuestras azes paradas).
  4. Pour la forme singulière avonne 3284, voy. ci-dessus, p. 77.