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INTRODUCTION. — CHAPITRE V

de l’est de la France avec le produit même. Suivant le principe de donner plutôt trop que trop peu, nous gardons le vers de P tel quel.

Les rimes de notre chanson, ainsi que, jusqu’à un certain point, la mesure des vers, peuvent aussi nous indiquer l’époque approximative où a été composée la chanson de Florence de Rome, telle que nous la donnent les mss. LMP. Ces mss. ayant été écrits dans la seconde moitié du xiiie siècle, nous avons là a priori un terminus ad quem. Or, la langue de notre auteur semble nous permettre de placer la composition de son œuvre à la fin du xiie siècle ou dans la première moitié du xiiie.

Voici quelques traits parlant, en quelque sorte, en faveur du xiie siècle :

1. ó libre : ó entravé. Dans une laisse en -or (XXXII), nous trouvons, à côté des mots en -or < -orem etc., les mots ator (rad. torn-) 917 et jor 923. L’o libre n’était donc pas encore devenu eu, du moins devant r [1].

2. Conservation du cas-sujet sing. sans -s des mots pere, sire, ber, etc. On trouve à la rime : sire 377, 3051, 3068, 3070 ; hom (: -on) 1842, 2913, 3530, 4968, 4976, 4991, 6195 ; [2] ber 283, 391, 2662, 3219, 3285, 4335. Pour les mots en -e, les cas d’élision dans le corps du vers fournissent aussi des preuves. Ainsi l’e final est élidé devant une voyelle dans : frere 1834, 2725, 3685 ; vostre 6195 ; sire 452, 757, 1221, 1503, 3551, 4939, 5254, 6333 ; emperere 3012, 6076, 6156, 6236.

3. Conservation de la 1re pers. sing. du prés. de l’ind. des verbes en -er (-ier) sans -e analogique. Les

  1. Cf. sur ce trait, H. Suchier, Les voyelles ton., pp. 53-55 (§ 19, b).
  2. Cf. aussi la formation analogique prodom, preudon : -on 1131, 3540.