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ANALYSE DE LA CHANSON

Clarembaut de trouver un navire où elle puisse s’embarquer. Mais le bandit s’adresse à un capitaine du nom d’Escot et offre de lui vendre une belle esclave. Escot accepte le marché, Florence est conduite sur le navire, sans savoir à quoi elle est destinée, et le navire quitte le port. Ajoutons que le capitaine a été plus fin que les deux truands, car il leur a donné, en paiement de l’esclave, du cuivre et du plomb au lieu d’or. (L. CLXXI-CLXXIX) — Une fois en pleine mer, Escot veut prendre possession de sa belle esclave, mais Florence lui résiste et réclame le secours de Dieu. Alors une tempête éclate, qui brise le navire, de sorte que tous sont noyés, excepté Florence et Escot, qui sont sauvés chacun de son côté. Florence, soutenue par un sac de farine qui surnage, arrive à un rocher. (L. CLXXX-CLXXXIII) — Du haut du rocher, Florence aperçoit une abbaye, Beau-Repaire, où elle se rend. [1] Comme les cloches, sonnant d’elles-mêmes [2], annoncent

  1. Amador de los Rios (Hist. crit. de la lit. esp., t. V, p. 74, note) fait observer qu’il y a une ville de Belrepaire, « situada como el monasterio del Cuento de don Ottas [c’est la version S], en una pintoresca playa », dans « el famoso Libro de Perceval » (voy. Perceval le Galloys, éd. Paris, 1530, impr. par Jehan Sainct-Denys et Jehan Longis, fol. x vo b et suiv.). Pour un nom si facilement inventé, il n’y a pas lieu d’admettre un emprunt de part ou d’autre.
  2. 2. Ce trait, qui sert ici à rehausser la sainteté de l’héroïne, se rencontre souvent dans la littérature hagiographique du moyen âge ; voy. les miracles cités par E.-C. Brewer (A Dictionary of Miracles [1884], pp. 369-370) et S. Baring-Gould (The Lives of the Saints [1897-1898], tomes III, 211, V. 149, X, 52 ; XI, 67 ; XII, 575-6 ; XIII, 62, 68, 154). Dans les rédactions de la Vie de saint Alexis, autres que celle du xie siècle, les cloches sonnent également d’elles-mêmes au moment de la mort du saint ; voy. l’éd. de G. Paris et L. Pannier, pp. 250 (vers 1003-1008), 310 (vers 1047-1050), 379 (coupl. 157d-158a). Dans le roman moyen néerlandais Seghelijn van Jherusalem (éd. Verdam, 1878), il y a des épisodes analogues (voy. Sitzungsberichte der phil.-hist. Cl. der Kais. Ak. der Wiss., Vienne, t. CXXVI [1892], mém. I, pp. 53 et 55). Rappelons aussi la cloche miraculeuse de Villilla, village