Page:Anonyme - Florence de Rome, tome 1.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée
37
ANALYSE DE LA CHANSON

jurer de ne révéler à personne qui elle est. Une broche miraculeuse protège Florence contre les entreprises amoureuses de Milon [1]. Furieux de ses vains efforts, Milon frappe sa victime et la pend enfin par ses tresses à un arbre. (I. CXXXII-CXLVIII, v. 4143) — Or, dans la forêt il y avait un château, appelé Château-Perdu, où demeurait le seigneur Thierri avec sa femme Églantine et sa fille Béatrice. Thierri chassait près de l’endroit où Florence était pendue. À l’approche des chiens de Thierri, Milon abandonne sa victime, et Florence est détachée par le châtelain et conduite au château. Là, bien qu’elle ne dise pas qui elle est, elle est soignée et traitée avec bonté, Elle couche dans le même lit que Béatrice dans la chambre de Thierri. (L. CXLVIII, v.4144-CLV) — Cependant Milon a trouvé un refuge chez Guillaume de Dol [2] et commence à se repentir de sa mauvaise action, (L. CLVI, vers 4379-4410) — À Château-Perdu il y

  1. On retrouve, dans d’autres chansons de geste, ce trait d’un bijou qui protège la pudeur des femmes ; voy. Aye d’Avignon (éd. F. Guessard et P. Meyer, 1861), p. 62 :

    Fame qui l’ait o soi n’iert ja desvirginée
    Par nul home qui soit, si bien ne li agrée,

    et Charles le Chauve, v. 10620 et suiv. (R. Wenzel, Die Fassungen der Sage von Florence de Rome [1890], p. 14, note 2) :

    Un anel ou il ot piere de tel renon
    Que dame qui le porte desus li, ce seit on,
    N’ara garde pour home, et fust de son baron.

    Ailleurs, il s’agit d’une ceinture (Boeve de Haumtone, éd. A. Stimming [1899], vers 999-1007), d’une herbe (Orson de Beauvais, éd. G. Paris [1899], vers 578-610) ou d’une boisson (Cligés, éd. W. Foerster [1884], vers 3196-3370). Cf. Cr. Nyrop, Storia dell’ epopea francese nel medio evo (trad. Eg. Gorra, 1886), p. 76 ; note 1 ; Boeve de Haumtone, éd. Stimming, p. cxc, note 3. Pour la mention de la broche de Florence de Rome dans le Roman de la Violette, voy. ci-dessous au chap. vi.

  2. Ce personnage secondaire est évidemment emprunté au Roman de la Rose ou de Guillaume de Dole (éd. G. Servois, 1893), dont il est le héros. Seulement, il est singulier que la forme Dol (Doel) de notre chanson ne corresponde pas tout à fait à celle du Roman de la Rose (Dole : -ole).