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HISTOIRE DU CONTE

antérieure à la source commune des Gesta Romanorum et de Florence de Rome. Cette supposition est corroborée par le fait que, dans le miracle de la Vierge, l’enfant assassiné est, comme dans la version primitive, un garçon.

La version du miracle de la Vierge, telle qu’elle se rencontre dans les collections de miracles de la Vierge rédigées en latin [1], diffère par les traits que voici de la version orientale primitive :

Le mari, qui est empereur de Rome, laisse, en partant pour la Terre Sainte, l’empire et son jeune frère aux soins de sa femme. Fatiguée des poursuites du beau-frère, l’impératrice feint de vouloir céder à ses prières. Elle fait donc disposer une tour spéciale pour leurs rendez-vous, mais, aussitôt le beau-frère entré, elle l’y enferme et le tient prisonnier pendant cinq ans. À la nouvelle du retour de l’empereur, l’impératrice, pleine de joie, fait relâcher le beau-frère. Celui-ci se hâte d’aller à la rencontre de son frère, qui s’étonne de la pâleur de son visage ; il raconte que l’impératrice a voulu le séduire et que, pour se soustraire à ses

  1. Voy. les rédactions données dans notre ouvrage, cité ci-dessus, pp. 116-128. Les rubriques du miracle varient ; celle du ms. Bibl. nat., f. lat. 14463 est : De pudicitia et tolerantia cuiusdam imperatricis. À ces rédactions se rattache également, avec certaines modifications de détail, une version publiée par M. Louis Karl (Karl Lajos) dans la revue hongroise Ethnographia, année 1908, à la fin d’un article intitulé Arpádháqi Szent Erzsébet és az üldözätt ártatlan nö mondája (Sainte Élisabeth, de la Maison d’Arpad, et la légende de la femme innocente persécutée). La version imprimée, qui s’arrête avec la guérison du premier lépreux, est tirée du ms. Cambridge Univ. Libr. Mm. 6. 15, fol. 149 a, et porte la rubrique : De Ysabella imperatrice qualiter Beata Virgo Maria post multas tribulationes ei apparuit in insula. « Ysabella », c’est probablement sainte Élisabeth de Hongrie (1207-1231), qui aura été identifiée avec notre héroïne à cause de sa piété, de sa compassion envers les lépreux et à cause des malheurs qu’elle endura après la mort de son mari ; Louis de Hesse, landgrave de Thuringe.