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INTRODUCTION. — CHAPITRE VII

accompagné du beau-frère, qu’elle a relâché, et d’une nombreuse suite. En route, l’héroïne et son beau-frère ayant été séparés de la suite, celui-ci veut abuser de sa belle-sœur, mais, ne parvenant pas à ses fins, il abandonne dans la forêt, attachée à un arbre, et va raconter à l’empereur que sa femme lui a été enlevée. — Le sauveur de la malheureuse, un grand seigneur, confie sa fille aux soins de l’inconnue. — L’assassin, chevalier au service du seigneur, place le couteau ensanglanté dans la main de l’impératrice, dormant à côté de la fille de son hôte. — L’héroïne ne reçoit pas d’argent en s’en allant. — L’homme racheté, qui est un malfaiteur, devient le serviteur de l’héroïne et ne tombe pas amoureux d’elle ; c’est par cupidité qu’il la vend au capitaine, — Les quatre criminels avec leurs compagnons ne se rencontrent qu’au couvent.

Dans les versions dont nous avons parlé jusqu’à présent il n’a pas été question d’une intervention divine directe pour sauver l’héroïne. Or, dans le groupe de versions auquel nous arrivons maintenant et que nous désignons par le nom de miracle de la Vierge, c’est la Vierge elle-même qui se montre à l’héroïne endormie sur un rocher au milieu de la mer et lui indique un remède contre la lèpre. Un autre trait caractéristique de ce groupe de versions, c’est qu’il n’y a jamais plus de deux criminels, le beau-frère et l’assassin, l’épisode du capitaine survivant toutefois dans un voyage en mer et aboutissant à l’exposition de l’héroïne sur le rocher. Comme dans ces versions le beau-frère accuse l’héroïne d’adultère, ce qui est un trait primitif qui ne se trouvait pas dans la source commune des Gesta Romanorum et de Florence de Rome, il est vraisemblable que le miracle de la Vierge, qui apparaît déjà dans un ms. du xiie siècle [1], remonte à une version occidentale

  1. Ms. Paris, Bibl. nat., f. lat, 14463, fol. 36 ro a.