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HISTOIRE DU CONTE

vaisseau et veut lui faire violence. Mais, sur les prières de son esclave, une violente tempête s’élève, qui brise le navire. L’héroïne et le capitaine échappent à la mort. La femme trouve un refuge dans un couvent, où, grâce à sa sainteté, elle guérit toutes sortes de maladies. Pendant ce temps, ses quatre persécuteurs avaient été frappés de maladies diverses, et son mari, revenu, avait appris par son frère sa coupable conduite. Le renom de la sainte femme qui guérissait tous les maux arrive jusqu’aux oreilles du mari ; il se met en route avec son frère malade pour chercher auprès d’elle la guérison de celui-ci. En chemin, se joignent à eux successivement le bon hôte avec son esclave malade, le jeune homme racheté et le capitaine. Arrivés à destination, ils sont admis auprès de la femme, qui, couverte d’un voile, leur ordonne de raconter fidèlement ce qu’ils ont sur leurs consciences. Ils racontent alors l’un après l’autre (le mari parlant le premier) ce qui se rapporte à leurs relations avec l’héroïne. Celle-ci se fait connaître, pardonne aux criminels et les guérit, après quoi elle retourne avec son mari dans leur pays, où ils vivent heureux.

Les versions orientales conservées du conte peuvent être divisées en trois groupes : celui du Touti-Nameh, celui des Mille et une Nuits et celui des Mille et un Jours.

Le groupe du Touti-Nameh, représenté par le conte déjà mentionné de Nakhchabi [1] et par une version turque du xve siècle [2], se distingue par les traits suivants : l’héroïne ne fait pas naufrage ; le capitaine ne figure pas parmi les malades, quoique la logique du récit demande

  1. Voy. Zs. der Deuischen morg. Ges., t. XXI (1867), pp. 536-538 (« Geschichte von der Chôrschîd und dem Utârid »).
  2. Voy. G. Rosen, Tuti-Nameh, t. I (1858), pp. 89-108 (« Geschichte der Merhûma ») ; M. Wickerhauser, Die Papageimärchen (1858), pp. 50-56 (« Die keusche Merhuma ») ; X. Marmier, Contes populaires de différents pays. Deux, série (1888), pp. 165-177 (« La Vertu d’une femme »).