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INTRODUCTION. — CHAPITRE VII

tion orale simplifiée, tandis que l’autre groupe représente la tradition littéraire de la version occidentale primitive.

La version indienne, source supposée de toutes les versions du conte, n’ayant pu être retrouvée jusqu’à présent, il est impossible de dire quelle a été exactement la forme primitive de notre conte. Une comparaison des différentes versions orientales entre elles nous conduit cependant à une source commune qui n’a pas dû être très éloignée de l’original. Partant du principe, d’ailleurs tout théorique, que cette version primitive a été simple et logique dans ses détails, nons nous la représentons à peu près sous la farme suivante :

Un homme, voulant entreprendre un voyage, confie sa femme à la garde de son frère. Celui-ci devient amoureux de sa belle-sœur, et, comme elle repousse ses propositions déshonnêtes, il l’accuse d’adultère devant le juge du pays. Accusée par de faux témoins soudoyés par son beau-frère, la femme est condamnée à être lapidée. Laissée à moitié morte sur le lieu du supplice, elle est recueillie par un passant miséricordieux, qui la conduit dans sa maison et lui confie son fils enfant à garder, Or, un esclave de la maison tombe amoureux de l’héroïne ; rebuté par elle, il médite de se venger. Une nuit, il s’introduit dans la chambre où dormait l’enfant de son maître et le tue, puis il entre dans la chambre de sa gardienne, tache ses habits de sang et cache près d’elle le couteau ensanglanté. Le lendemain, le meurtre ayant été découvert, l’esclave attire les soupçons sur l’étrangère. L’hôte et sa femme ne peuvent cependant pas se convaincre pleinement de sa culpabilité ; ils se contentent de la renvoyer, et l’hôte compatissant lui donne même une somme d’argent pour son voyage. Avec cet argent elle rachète un jeune homme qu’on allait pendre pour dettes. Par reconnaissance, le jeune homme l’accompagne, mais devient amoureux d’elle. Repoussé, il la vend comme esclave au capitaine d’un navire. Celui-ci la mène à bord de son