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HISTOIRE DU CONTE

malades et guéries par l’héroïne. En 1907, nous avons repris l’étude de ce conte dans notre mémoire intitulé Le Conte de la femme chaste convoitée par son beau-frère [1]. Les pages qui suivent ne sont, à part quelques détails, qu’un résumé de cet ouvrage.

L’origine du conte doit sans aucun doute être cherchée en Orient, probablement dans l’Inde, puisqu’il se retrouve dans plusieurs collections de contes orientales, entres autres dans le Touti-Nameh de Nakhchabi, du premier tiers du xive siècle, qui n’est qu’un remaniement d’un Touti-Nameh antérieur perdu, traduction plus ou moins altérée (probablement du xiie siècle) d’un recueil de contes sanscrit perdu dont le Soukasaptati (ou Les soixante-dix contes d’un Perroquet) actuel est le descendant appauvri. Il semble fort peu probable, comme le voulait Grundivig [2], que les versions orientales de notre conte soient d’importation occidentale : tous leurs caractères contredisent cette hypothèse. Quant à la théorie de Mussafia [3], selon laquelle le conte, d’origine orientale, aurait été introduit en Occident d’abord sous une forme simplifiée et ensuite sous une forme apparentée de près aux versions orientales conservées, elle est inadmissible, vu que toutes les versions occidentales présentent un trait qui manque dans les versions orientales et qui n’a guère pu être inventé à deux reprises : le beau-frère, à la suite de ses premiers efforts pour séduire l’héroïne, est enfermé dans un lieu solitaire, d’où il ne sortira qu’au retour de son frère. Si donc les versions occidentales se divisent en deux groupes, dont l’un raconte la fable avec beaucoup d’omissions, il faut croire que celui-ci se fonde sur une tradi-

  1. Acta Societatis Scientiarum Fennicæ, t. XXXIV, no 1,
  2. Ouvr. cité, t. I, p. 203 ; t. III, p. 782,
  3. Ouvr. cité, p. 680 s.