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de chacune de ces toiles, et cela, en des termes précis, des phrases courtes, résumant beaucoup de choses, le style de Tacite s’accommodant, malgré tout, avec la forme élégante et poétique qui caractérise tous ses écrits. C’est un travail unique, renfermant des pages qui peuvent compter pour les meilleures du maître et par suite, comme les plus remarquables de la littérature française.

Mais de pareils efforts se paient, et Fromentin paya ceux-là de la vie. Les Maîtres d’autrefois furent écrits d’une haleine, en quelques mois, dans un état d’exaltation permanente du cerveau, excluant tout sommeil réparateur. Une semblable tension de l’esprit ne pouvait être ainsi prolongée impunément. Sa santé, déjà chancelante, s’altéra profondément. Pendant quelque temps il chercha à lutter contre le mal, à Paris. Puis, brisé physiquement, amaigri, il arrivait le 18 août 1876, à Saint-Maurice, pour y chercher le calme et le repos dont il sentait l’impérieuse nécessité. Mais il était déjà trop tard ; sa force de résistance était épuisée, et le 27 août, il s’éteignait comme une lampe privée d’huile, succombant plutôt aux suites d’un surmenage cérébral qu’aux suites de l’anthrax, dont il avait été atteint à la lèvre pendant les derniers jours de sa vie. Fromentin avait 56 ans. Il disparaissait brusquement, dans la force de l’âge, dans la maturité de son talent, au