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élie de saint gille

retrouver Élie, est une preuve contre l’authenticité de la fin de la version norvégienne.

Force est donc de reconnaître que ni le texte français ni la saga ne représentent la fin de l’original : les deux versions dérivent l’une et l’autre, par une série d’intermédiaires que je n’ai pas à rechercher, d’un même ms. incomplet qui faisait finir la chanson primitive d’Élie là où s’est arrêté le ms. A de l’édition de M. Koelbing (p. 161) : « Nous chercherons un homme fidèle et nous l’enverrons vers mes gens pour avoir secours. Et alors viendra ici Julien, le duc de la ville de Saint-Gilles, et avec lui Guillaume d’Orange et une foule des meilleurs chevaliers ; et nous conquerrons toute la contrée, et tu seras baptisée et faite chrétienne. » « Volontiers, » dit la jeune fille, « si tu donnes à tes paroles plus de force par un serment sur ta foi. » Ils parlaient ainsi, mais ils n’étaient pas à la fin, car voilà leurs tribulations qui se renouvellent. Ici sans doute apparaissait Thomas, qui tirait d’embarras les héros de la chanson.

Telle devait être la fin du ms. incomplet qui a servi de base aux deux rédactions française et norvégienne ; les auteurs de ces deux rédactions ont vu qu’il y avait dans ces quelques lignes les éléments d’une fin ; ils ont donc séparément composé une fin à l’Élie. Dans chacune des deux fins, on retrouve les trois faits principaux qui ont servi de points de repère aux développements des deux versions : 1o l’envoi d’un messager à Saint-Gilles ; 2o l’arrivée sous les murs de Sobrie de Julien et de Guillaume d’Orange ; 3o le baptême de Rosemonde. Mais les détails différent du tout au