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introduction

parition, par exemple, au v. 2566 de Marchegai (le cheval d’Élie dans l’Aiol), comme aussi l’empêchement canonique au mariage de Rosemonde et d’Élie. Mais, si la fin de F a été imaginée par un remanieur, est-ce une raison de croire que la saga possède la version primitive ? Tel n’est pas mon avis ; je pense, au contraire, que le norvégien, non plus que le français, ne fournit une fin qui ait les caractères d’un poème original. Rien d’individuel, comme l’a remarqué lui-même M. Koelbing, dans les épisodes qu’il renferme, rien de nouveau dans la marche de l’action qui devient banale et impersonnelle ; de plus, la présence d’un nouveau prince d’Alexandrie, Roben, est en contradiction flagrante avec tout le reste du poème, où ce titre est donné à Jossé ; enfin, la mention du mariage d’un fils de Guillaume d’Orange, Gérard, avec Orable, fille de Julien de Saint-Gilles, ne peut appartenir à la rédaction primitive. Un tel mariage, outre qu’il est contraire à ce que fait prévoir le commencement du roman où Orable (= Olive) est fiancée à Guérin de Porfrettiborg (= Piereplate), créerait un nouveau lien de parenté entre les familles de Saint-Gilles et de Monglane, que n’auraient pas manqué de signaler les auteurs de quelque autre chanson de geste. L’ignorance où nous sommes à ce sujet prouve bien, d’une part, que le fait n’appartient pas à l’histoire littéraire du moyen âge et, de l’autre, qu’il a dû être inventé postérieurement comme toute la fin de la saga. J’ajoute, et c’est là un argument capital, que l’oubli où la saga laisse le marchand Thomas (p. 125), qui originairement devait