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la saga d’élie

Or toute l’armée qui avait suivi le roi Jubien s’en va et retourne dans ses foyers vers Damas ; mais Élie et Rosamonde se tenaient dans la plus haute tour de Sobrie, et prirent la résolution d’expédier Galopin. Demoiselle Rosamonde fait équiper un vaisseau à l’insu de son père ; elle choisit pour cela les amis qu’elle savait lui être fidèles et qui déjà avaient voyagé. Dans une anse cachée, elle fait équiper et bien garnir le vaisseau, et le remplit d’hommes d’élite. Alors Élie écrit une lettre et l’envoie à son cher père et lui raconte ses voyages ; il prie en même temps son père de lui envoyer de nombreux vaisseaux avec des hommes braves et bien armés. En même temps, il envoie à la hâte une lettre à sire Guillaume, à Bernard et à Ernaud, les priant de lui venir en aide, car il se trouve sous une surveillance si sévère qu’il ne peut s’échapper en aucune façon sans leur aide et leur assistance. Galopin part donc sur mer avec son vaisseau, il a un vent favorable ; il arriva en France, tout près du lieu où résidait le duc. Aussi Galopin lui fait au plus tôt une visite, lui apportant la lettre et le message du jeune Élie, et racontant en outre toutes les aventures des voyages d’Élie, depuis le jour où il partit à cheval de la cour de son père, jusqu’au moment « où nous nous sommes séparés, » dit Galopin. Le duc alors se courrouce et s’afflige, et est en même temps content ; content de ce qu’Élie vit, mais affligé et courroucé de ce qu’il est retenu par les païens. La mère d’Élie et[1] sa sœur pleurèrent douloureusement. Toute la suite était affligée ; mais aussi, d’un autre côté, il semblait bon au duc de savoir

  1. B D et sa fille.