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introduction

a déjà été dit sur l’Aiol[1]. Ce poème, composé au xiie siècle en vers décasyllabiques par un trouvère du centre de la France, a été remanié au xiiie siècle par un poète picard qui a refait les vers en rythme dodécasyllabique, tout en conservant en décasyllabes une partie de la rédaction primitive. Aiol, personnage fictif, est, d’après l’hypothèse qui a été émise dans l’introduction du poème, le fils d’un personnage historique, Hélie, comte de la Flèche.

À s’en tenir aux vers qui précèdent, les deux chansons ont donc même auteur ou tout au moins même remanieur ; c’est à cette dernière hypothèse qu’il faut s’arrêter, car, de même que l’Aiol, l’Élie est un remaniement du xiiie siècle. Les quelques vers décasyllabiques, qui se montrent dans le poème[2] représentent en effet un état plus ancien de la chanson de plus comment expliquer autrement que par l’action d’un remanieur l’erreur, souvent répétée, qui transforme Saint-Gilles en ville de Provence[3], et fait du château-fort de Saint-Gilles, lieu d’origine réel ou imaginaire d’Élie, la grande cité du midi, si importante et si célèbre aux xiie et xiiie siècles ? Le Saint-Gilles, en effet, du poème semble bien ne pas être dans le Midi, mais plutôt dans l’Anjou ; il suffit pour s’en convaincre de se reporter, d’un côté, à un passage très explicite de la chanson et d’étudier, d’autre part, la

  1. Voy. l’introduction d’Aiol, p. xix-xxviii.
  2. Voy. plus haut p. xi-xii.
  3. Je note, en passant, que Saint-Gilles, la fameuse ville du Midi, est toujours dite en Provence au moyen âge, bien qu’elle soit en Languedoc (auj. dans le dép. du Gard).