tête roula au loin dans la prairie. Quand Rosamonde vit cela, elle cria[1] à Caïfas : « Fou sans courage, » dit-elle, « tu peux voir maintenant ce dont ce Franc est capable. Plût à Dieu, qui gouverne le monde tout entier, que tu fusses armé là dans la plaine auprès de[2] sire Élie et qu’il sût combien honteusement tu m’as traitée ! Il aurait[3] bientôt éteint ton arrogance et t’aurait toi-même ignominieusement rabaissé ; mais je le jure par la foi que[4] nous professons, s’il veut avoir mon amitié, avant que ce jour ne prenne fin, tu paieras cher le violent coup que tu m’as donné ! »
(LXVI)
Quand Élie eut tué le roi Jubien de Baudas, il prit aussitôt le cheval de celui-ci par les rênes, pensant retourner à Sobrie ; et comme il chevauchait, il regarda devant lui et aperçut sept païens armés qui montaient de la vallée ; et quand il les vit, il appela[5] Dieu à son aide de tout son cœur, et il tourna contre eux son cheval rapide, et, à celui qui[6] marchait en tête, il donna si lourde paie que jamais dans la suite il n’en demanda plus. Au second assaut, il en renversa deux de cheval, tous deux blessés et hors de combat. Puis il tira son épée et frappa Tanabraz sur son heaume de telle sorte que l’épée resta enfoncée dans l’épaule, et jamais plus il ne put prononcer une bonne parole. Mais Kareld d’Alfatt s’écria à haute voix : « Par Mahon, païens, c’est le fils de Letifer de la roche de Garas ; il a tué Faraon et Mars ! S’il s’empare de nous, nous recevrons tous la mort[7] ! » Et alors s’enfuirent Selebrant et Jonatre. Mais Élie était monté sur le bon cheval, qui était plus vite qu’un épervier, et il les poursuivit jusqu’à leurs tentes. Selebraut fut le premier qu’il rattrapa : Élie le trans-