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la saga d’élie

quand il entra, le cheval qui ne le connaissait pas s’effraya fort, et se montra terrible, et leva haut son pied et pensa le frapper. Comme un de ses gardiens qui s’était éveillé le premier, se levait, il fut atteint par le coup, et le coup l’atteignit si fort qu’il ne remua plus jamais. Quand il fut tombé, Galopin saisit l’épée qui avait glissé de sa main, et tua tous ceux qui étaient là, sans qu’aucun d’eux pût dire un mot[1]. Puis il s’avança vers le cheval et voulut le saisir mais le cheval le mordit, et l’attira à lui, et le leva en l’air et le jeta au loin de telle sorte qu’il tomba à terre presque mort. Galopin s’enfuit alors, et n’osait plus l’approcher. Lorsqu’il eut saisi l’épée qui lui était échappée, il alla vers le cheval et lui assena avec le pommeau quatre forts coups[2] et dompta tout son orgueil ; et le cheval commença à se calmer, et Galopin lui mit la bride, enleva la chaîne d’or de sa tête et prit la selle qui était là et la mit sur le dos

  1. La phrase depuis s’effraya est remplacée dans C B par : mais tous les gardiens dormaient ; alors Galopin arracha l’épée de la main de l’un d’eux, et assena au même le coup de la mort et ainsi l’un après l’autre, jusqu’à ce qu’ils fussent tous morts. —
  2. C B ajoutent : [Le cheval] s’agita terriblement et leva le pied et assena à Galopin un coup si fort qu’il tomba loin à terre. Galopin bondit et vint de nouveau au cheval et veut le saisir. Mais le cheval le prit et l’attira à lui [B il le saisit] avec les dents, et saisit [B tellement] presque tout ensemble sa chair et ses vêtements [B ses vêtements et sa chair] ; et l’attira à lui et le jeta [B jette] en l’air si haut et si violemment que Galopin en reçut presque un coup funeste au toit de la maison. Mais il fit une chute si forte et si pesante sur le pavé, qu’il resta à terre privé de sentiment et presque mort, et quand Galopin arriva à se tenir sur ses pieds, il pensa à fuir, comme il le fit aussitôt ; et il ne s’aventura pas auprès [B ne s’aventurant nulle part dans le voisinage] ; et comme il sortait de la maison, il pensa que c’était grande honte [B et ignominie] de ne pouvoir dompter un cheval ; et il pensa que cette impuissance ne passerait jamais. Il rentra de nouveau dans la maison ; et prit [B ramassa] une épée et l’enfonça dans le fourreau et l’attacha soigneusement [B fortement] ; il la saisit d’une main par le pommeau et de l’autre un peu plus loin ; puis il la brandit au-dessus de sa tête et en assena quatre coups au cheval.